Q :
De toute façon, c'est un travail qui s'inscrit dans une perspective à long terme.
AWAZU :
Il est vrai qu'actuellement, et je parle pour le Judo mondial, la situation me semble bloquée pour cette génération de combattants. Dans un système traditionnel, le Professeur s'occupe de l'éléve dès l'enfance, il va aussi former son caractère ! Mais ici, lorsqu'ils arrivent au niveau compétition, ils sont déja ceinture noire, déja agés, et il n'est pas facile de le conseiller ! Bien sur l'époque est différente, et il serait difficile de suivre tous les principes de Maitre KANO. Ici, en France, tout le monde peut s'inscrire dans un dojo. L'essentiel c'est peut être d'avoir les enseignants qui suivent les règles du Judo traditionnel, et pensent à son évolution. Car il faut bien distinguer deux aspect dans le judo : d'une part ceux qui pratiquent la compétition, et d'autre part, la majorité de pratiquants qui vient seuleument travailler, étudier.
Q :
Vous avez connu plusieurs générations de champions. Dans leur pratique, que sont ils devenus après avoir arrété la compétition ? De bons judokas ?
AWAZU :
Généralement, un champion, sa carrière terminée, va enseigner à son tour.
Q :
Mais que va-t-il enseigner, si, comme nous l'avons dit, il ne connait bien que deux ou trois techniques ?
AWAZU :
Je ne peux vous répondre sur ce qu'il va faire..... mais s'il se sent responsable en tant qu'enseignant, à ce moment là, il va lui falloir étudier encore.
Q :
Ou ? Avec qui ?
AWAZU :
Et bien ( " Sensei s'interrompt, et me lance un regard plein d'humour " ) Il y a beaucoup de livres, n'est ce pas !? Mais bien sur, c'est difficile d'étudier dans les livres... ( redevenant sérieux ), et il y a les stages organisés par la Fédération, ou il peut travailler avec d'autres gradés, comparer ses techniques. Et puis, il ira dans les dojos, ou, je ne sais pas, avec moi par exemple, ou avec d'autres anciens.
Q :
Et vous pensez que dans les dojos, la situation est plus satisfaisante ? L' important me semble être le contact que vous gardez avec les professeurs, soit lors de vos visites en province, ou au cours des stages organisés. Selon vous, le niveau de l'enseignement est donc bon ?
AWAZU :
Il y a beaucoup de clubs dans lesquels les enseignants sont assez agés, ils étudient le judo depuis longtemps et ils ont formé de bons judokas. Bien sur on ne peut pas le dire de 100% des Professeurs ! Ce serait impossible ! Mais justementnles moins bons permettent de faire des comparaisons, de réfléchir à ce qui ne va pas.
Q :
Supposons qu'on puisse revenir 30 ans en arrière : referiez vous la même chose ?
AWAZU :
C'est difficile, car les générations sont différentes. C' est une question d'atmosphère : le judo est toujours un Budo, c'est a dire qu'il exige le respect envers le supérieur ou le plus agé. C' est un état d'esprit : si on applique que les techniques, ce n'est plus du judo mais de la bagarre ! Mais si on a bien travailler les mouvements, alors même en combattant l'esprit est tranquille. Le salut aussi est important, on s'incline en entrant devant le professeur, parce qu'on est pas dans un gymnase, mais dans un dojo.
Q :
Vous pensez qu'on ne peut pas enseigner cela en France ?
AWAZU :
Je crois que beaucoup d'anciens respectent ces règles.